Miroir Miroirs

Note d’intention

Nous souhaitons nous questionner et interpeller le public sur l’importance du regard de l’Autre pour notre estime de soi, ou l’amour que nous sommes prêt.e à accepter de ressentir pour nous-mêmes. Réfléchir ensemble sur ce que le jugement du groupe peut créer comme fragilité sur notre (nos) diffrérence(s) et peut-être inhiber notre pouvoir d’aimer et de nous aimer nous-mêmes.

Cette création de cirque souhaite mettre en avant la confiance en soi et l’acceptation de son image et de l’image de l’autre à l’ère numérique.

Nous ne sommes nous qu’aux yeux des autres et c’est à partir du regard des autres que nous nous assumons comme nous même

L’être et le néant – J-P Sartre

Nos personnages sont « à côté ». Dans un monde où l’imaginaire et notre âme d’enfant disparaissent trop tôt, ils cherchent des réponses à leur existence. Mais aussi à des choses qui sembleront évidentes à tous les autres. Aux «normaux.ales», aux «normé.es», à celleux qui ont les codes. Des réflexions (presque) essentielles les traversent, et ils veulent savoir.

Comment s’asseoir sur une chaise ? Comment ouvrir un pot de confiture ? Comment être un « vrai homme » ? Comment devenir une aventurière ?

Internet à la réponse ultime : le tuto !

Les flux continus de vidéos Youtube ne laissent plus rien au hasard.
OUF ! Un déferlement sans fin de contenus nous promettent de nous apprendre tout ce qu’on devrait savoir pour être enfin des humains dignes de ce nom.

Dans la solitude de leurs quotidiens, nos doux inadaptés cherchent à coup de cours en ligne, de conseils « bien-être » et de séances de yoga du visage régénérantes, à se préparer au monde, à l’autre.

Puisqu’Internet peut tout nous apprendre, il n’y a plus aucune raison de douter : il y a forcément une vidéo pour apprendre à être soi même.

À travers l’utilisation des tutos abordés de façon burlesque, notre volonté est aussi de questionner les codes auxquels nous sommes, souvent à notre insu, confrontés en permanence. Les décortiquer pour espérer montrer leur absurdité.

Sont-ils utiles ? nécessaires ? Ou finissent-ils par devenir des freins, des faux amis, des objectifs à atteindre qu’on nous présente comme évidents, inquestionnables ?

En permanence ces codes, ces diktats abreuvent nos pensées et alimentent nos doutes.

Bien sûr, Internet n’en est pas exempt, il en devient même un des canaux principaux où l’on apprend de façon toujours plus genré :

• Comment marcher avec des talons ?
• Comment être sexy ?
• Comment marcher comme un mannequin ?
• Comment bien bouger ses hanches ?
• Comme s’épiler les sourcils quand on est un « vrai » homme ?
• Comment marcher d’un air assuré ?
• Comment draguer une femme et réussir à coup sûr ?

Toutes ces vidéos existent. Et il y en a une infinité. Toutes colportant des poncifs et des injonctions toujours plus clivantes.

Peut-on apprendre à être soi-même ?
Peut-on apprendre à être libre ?
Peut-on apprendre à être ?
Comment faire pour « être » ?

Nous voulons nous interroger sur la norme à travers le prisme de l’acceptation de l’Autre dans toutes ces différences, établir un corps à corps avec les concepts pour les rendre à chacun.e.

Nous avons choisi de nous adresser à tous les publics, car chaque personne naît vierge des préjugés et du poids sociétal qui le formate peu à peu. Plus le temps avance, plus nos réactions s’autocensurent. C’est pourquoi, il nous semble que ce sujet et la façon dont nous souhaitons l’évoquer trouveront un écho différent en chaque être, selon son âge et son parcours personnel.

Nous ne chercherons pas à provoquer la polémique ni à être prosélyte mais à proposer un récit intime pour faire s’interroger, un spectacle drôle et poétique, sur un sujet abordé avec légèreté et délicatesse.

Les deux personnages nous proposent une ode à la liberté, à l’amour et au courage d’être soi, envers et avec toutes et tous.

C’est une proposition de rencontre(s) pour ouvrir les possibles.

Miroir, Miroirs ouvre la discussion là où beaucoup voudraient la voir s’arrêter.

Cirque

Dans cette création, nous avons fait le choix de laisser dire avec le corps ce qu’on ne peut dire avec les mots.

Ainsi, le cirque est le vocabulaire que nous souhaitons employer pour nous exprimer. Cette discipline sera au service de notre histoire. Le cirque est un outil venant donner une réalité physique et concrète au propos. Il fait écho à la notion de confiance et d’amour que l’on se porte à soi et que l’on porte à l’autre.

Au cirque on ne triche pas, on se montre à nu.e, tel.le.s que nous sommes.

Nous avons décidé de travailler sur les portés acrobatiques en duo. La complicité, le contact physique nécessaire à cette discipline évoquent les rapports intimes, très proches et illustrent parfaitement la complexité et la réciprocité dans l’équilibre qu’ils imposent.

Spect’acteurs

Dans ce spectacle, le public est envisagé comme l’un des protagonistes de l’histoire, l’Autre.

En effet, nous souhaitons l’amener à se positionner (ou pas, ce qui reste un positionnement) face à ce qui lui est donné à voir.

Nous voulons provoquer un sentiment, une émotion, une réaction de groupe.

Ainsi nous tentons d’amener chaque individu constituant le groupe public à se questionner sur l’impact réel de son regard sur la vie de celles et ceux qui les entourent, et réciproquement. Faire entrer chacun.e dans un palais des glaces révélant la complexité à exister tel qu’on le souhaite, face aux regards des autres et en miroir, l’impact du regard de chacun.e sur la vie des Autres.

C’est pourquoi nous avons choisi un dispositif bi-frontal, permettant une proximité et une immersion totale avec le public, créant une multiplicité de points de vue pouvant amener à entrer dans certaines confidences et permettre la mise en place d’un effet miroir. Chacun.e verra les autres voir et percevra alors sa situation, non plus seulement comme observateur mais être actif dans ce jeu.

Les questions liées à la jeunesse et au numérique sont des point sensibles et importants. Le spectacle vivant est un biais pour ouvrir les consciences des plus jeunes sur l’impact que le numérique peut avoir sur leur regard sur le monde et leur imaginaire.

Scénographie

Nous avons choisi d’utiliser un plateau circulaire qui pivote sur lui-même. Ce dispositif, doublé d’un système de panneaux amovibles, permettra de créer une diversité de points de vue, en fonction de la place du spect’acteur.

A travers la scénographie nous souhaitons illustrer la complexité de vivre dans le regard des autres. Avec ce que l’on décide de partager et ce que l’on souhaite assumer quoi qu’il en coûte, au verso de ce que nous souhaitons dissimuler ou ne partager qu’avec certain.e.s élu.es. Notre part sociale et celle intime qui font de nous des personnes à part entière. Ainsi nous illustrons les multiples facettes de notre personnalité.